TEXTE 6: larmes
Cette envie de pleurer, les yeux brillants, la mine abattue, une expression triste gravée sur le visage qui peut être cachée mais ne sera jamais complètement invisible. Une envie qui peut me prendre n'importe quand : dans le bus en regardant les lueurs de la ville, la tête contre la vitre embuée, pensant à certains souvenirs qui produisent à cet instant une larme, grosse et chaude, une larme de chagrin roulant sur l'une de mes joues froides, me faisant frissonner. En classe, quand la tristesse me ré habite et que je n'arrive pas à contrôler totalement; mes yeux picotent, je cligne à de multiples reprises tentant de chasser les larmes, mais quelques gouttent subsistent, se refusant à mourir, elles restent piégées le long de ma paupière et me brouillent la vue, des larmes froides et amères avec lesquelles j'essaye tant bien que mal de rester discrète, baissant le regard ou le détournant pour que personne ne les aperçoivent, car ce sont ces larmes qui me donnent l'impression d'être vu de tous, avec lesquelles ma tristesse est à découvert. La nuit lorsque les songes que je ressasse m'empêchent de dormir, ces tristes souvenirs auxquels je souhaite à chaque fois échapper, être épargnée des sanglots qu'ils précèdent et que j'étouffe dans mon oreiller.
En ce moment je suis tout le temps au bord des pleurs, je me retiens sans cesse, par honte de pleurer, par honte d'exprimer mes sentiments, honte d'aller mal. Je ne peux pleurer devant quelqu'un, je me contrôle tellement que même en le souhaitant maintenant, je ne peux donner libre cours à mes émotions.
J'ai été moquée parce que j'allais mal, à présent c'est devenu une honte énorme pour moi de pleurer. Je suis au bords des larmes en permanence, stagnant dans cet état et n'arrivant pas à lâcher cette emprise que j'ai sur moi et qui est plus forte que tout. Pire que pleurer devant une classe entière, pour moi il y a pleurer devant mes parents. Il m'est impossible de montrer ma tristesse à ceux-ci, un conflit interne oppose la honte de pleurer à l'envie d'être réconforter. Je crois que je m'empêche également de pleurer pour ne pas être réconforter et pourquoi je ne sais pas, c'est ce que je tente d'élucider. Pourquoi refuser l'affection de ses parents et le chercher ailleurs par manque ?
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